C'est l'histoire d'un phénomène très connu sur l'Inde : les mariages forcés. Certains appellent cela des mariages arrangés mais cela revient au même : les futurs mariés ne se choisissent pas. L'Inde n'est pas le seul pays à pratiquer cela et la France faisait de même il n'y a encore pas si longtemps que cela. Mais je voulais parler de ces mariages forcés pour présenter une autre façon de les voir. On a toujours l'impression que la victime des mariages forcés est la femme. L'homme devrait donc être content qu'on lui trouve une femme et cette dernière devrait être malheureuse de sa condition. Je vais donc présenter deux indiens de mon entreprise, des hommes.
Le premier s'est marié quelques jours avant que j'arrive en Inde. Lorsqu'il m'a dit pour la première fois qu'il venait de se marier, je lui ai dit tout heureux pour lui : Félicitations !! En voyant son peu d'enthousiasme face à ma réaction, j'ai été surpris. Il m'a alors dit : "bon en fait, je ne la connais que depuis 3 mois". Bien court en effet. "Et je ne l'ai vu que 2 fois. Une fois en septembre pendant une heure chez elle et une fois en novembre chez moi pendant une demie heure". Ce collègue est vraiment très gentil et très calme et cela m'a fait vraiment de la peine pour lui. Il a continué "je vais pouvoir commencer à la connaître maintenant". De toute façon, il n'a pas eu le choix, ses parents ont décidé pour lui et il n'était pas envisageable qu'il puisse trouver lui-même sa femme.
Le deuxième est un autre collègue, encore célibataire. Quand je lui demande s'il a une copine, il me dit non. Lui non plus ne pourra pas choisir sa femme. Les quelques fois où on en parlait, on sentait la tristesse chez lui. Même s'il tombe amoureux d'une femme, il n'est pas question qu'il se marie avec. Ses parents sont très traditionnels et n'envisagent même pas de ne pas pouvoir choisir pour leur fils. Cela rend mon collègue vraiment triste, de savoir qu'autour de lui, les mœurs changent, que beaucoup de ses amis peuvent choisir leur femme mais que lui, est condamné à épouser une femme qu'il ne connaît pas et n'appréciera peut-être pas.
Cela ne veut pas dire que leurs femmes ne sont pas tout aussi tristes de la situation mais eux le sont, c'est sûr.
> Sébastien C.
Bienvenue Noor,
Juste pour rectifier : ce n'est pas moi qui ai écrit (entre deux cafés...) que le "mariage forcé existe toujours, dans les campagnes etc...", c'est notre ami Djoh (un indien... de l'Inde me semble t-il). Je le laisse répondre, s'il le souhaite, en espérant qu'il n'est pas froissé.
A bientôt.
Rédigé par : Charles (du Sari Dévoilé) | 19 mars 2009 à 00:22
Noor
J'ai écrit sous le pseudo de Joseline mais j'ai changé pour Jer.
Je suis pondichérienne, vivant en France, très intéressée par la culture indienne (danse, conférences, lectures, reportages, tout quand cela parle de l'Inde).
De par mon expérience, j'ai vécu en France des mariages arrangés par des parents avec l'accord des intéressés. J'ai même joué les marieuses à l'occasion pour un membre de ma famille. Mais là ce sont les jeunes femmes qui ont refusé le jeune homme !
En Inde j'ai assisté à des mariages arrangés, là encore souvent avec l'accord des intéressés.
J'avoue ne pas avoir pris pitié pour le collègue de Sébastien qui se lamente de ne pas pouvoir épouser la femme de son choix. En fait je sais très bien qu'il pourra faire ce qu'il veut après son mariage avec cette femme qui lui est imposée. Mais j'ai voulu tempérer mes commentaires pour ne pas choquer. En Inde j'ai entendu les gens parler de ces hommes qui ont épousé des femmes qu'ils n'aimaient pas et qui étaient tout simplement délaissées dans leur foyer !!! En fait il y a beaucoup d'hypocrisie de la part des familles qui ne voient que leur intérêt (la dot a encore cours et parfois signe l'honneur de la famille !) Et cela dans toutes les castes !
A bientôt.
Rédigé par : Jer | 17 mars 2009 à 18:47
Bonjour,
Je viens de découvrir votre site, je n'ai pas encore vu les autres sujets, mais ça me parait très intéressant.
Je suis indienne, j'ai vu et vécu dans mon entourage très proche, les mariages "arrangés"-"forcés"
Charles et Joseline, êtes vous d'origine indienne ? Ou, vivez vous à la française, c’est à dire ne pratiquant pas ou peu, la culture et le coutume indienne ? Je m’excuse si mes questions peuvent blesser. Je voudrais juste participer à ce forum.
Je pose la question, parce que je trouve que Sébastien qui est Français d'origine, à l'air de mieux comprendre la vie, concernant les mariages en Inde.
Charles et Joseline si vous n'êtes pas indien, je comprends que vous ne puissiez pas tout cerner sur la vie en Inde. Il y a beaucoup de version sur les mariages en Inde, selon la famille, la religion, le caste et autres. C’est très complexe.
Charles, vous avez dit que le "mariage forcé existe toujours, dans les campagnes reculées et les milieux non éduques et pour la classe moyenne indienne, no issue."
Je pense, que vous avez entendu parler de cela entre deux cafés, ce que les gens font en général.
Ca existe aussi dans les castes supérieurs et éduqués.
Je suis d’accord avec vous, c'est un long discours...
Joseline, vous avez l’air de connaître un peu plus l’Inde, il est vrai qu’il y a quelques hommes qui sont "victimes" de ce genre de mariage, mais comparé au nombre de femmes, c’est un petit grumeau dans un bol de soupe.
N'oubliez pas, que même s’il n’est pas d’accord, elle est "sa chose", qu’il veut d’elle ou pas, elle sera toujours là, à l’attendre en s’occupant de son confort.
Et lui, est libre de faire ce qu’il veut. S’il a une maîtresse, on ferme les yeux, mais si elle a, par malheur, un amant, cela peut aller jusqu’à la mort.
De plus, vous prenez un exemple d’un mariage forcé en France et Sébastien parle des mariages en Inde, ce n’est pas du tout la même chose.
J’espère ne pas avoir froissé certaine ou certain.
Rédigé par : Noor | 17 mars 2009 à 15:16
J'ai lu dans un article anglais que ce qui se passe au Kérala, en ce qui concerne les divorces, est un peu particulier. Dans cet état la condition de la femme est différente qu'ailleurs en Inde.
Les relations extra-conjugaux, l'alcoolisme, la rapide urbanisation, l'indépendance économique des femmes et la sensibilisation sur les droits, sont quelques-uns des principaux facteurs.
Une étude de cas en instance devant les tribunaux ont constaté que 40 pour cent des cas de divorce trouvent leur origine dans des désaccords créés par l'alcoolisme et 35 pour cent provoquée par les relations extra-conjugales. Les problèmes mentaux représenteraient 15 pour cent des cas de divorce.
La tendance parmi la nouvelle génération est de demander la séparation, chaque fois qu'ils rencontrent des problèmes dans leur vie conjugale. Ces désaccords ont été réglés au sein de la famille dans le passé. Maintenant ce n'est plus le cas avec la dispersion des familles.
‘Gulf factor’ : c'est le nom donné à un autre facteur de divorce. Il s'agit de l'éloignement entre les époux pendant une longue période. Par exemple : juste après le mariage l'époux part dans les pays du Golfe pendant plusieurs mois voire plusieurs années.
L'État a enregistré 3847 cas de divorce parmi les chrétiens en 1998, selon les documents judiciaires. L'année suivante, 4377 cas de divorce. En 2000, le nombre était passé à 5129.
Donc ce cas très particulier du Kérala ne peut pas être généralisé au mariage arrangé en Inde. A suivre...
Rédigé par : Jer | 14 mars 2009 à 09:59
Je pense que la distinction mariage arrangé et mariage forcé se justifie. Dans le second cas, il y a une forme de brutalité qui est plutôt de l'ordre de la pression dans le premier. Toutefois, il est vrai, on peut se demander si accepter les mariages arrangés ne conduit pas à "légitimer" les mariages forcés. Le cas évoqué par Sébastien semble, effectivement, à la frontière du mariage forcé. La pression est très forte. Mais je ne pense pas me tromper non plus, en considérant que nombre de mariages arrangés se passent bien. Que dans beaucoup de cas, les garçons et les filles n'y voient rien à y redire. C'est un fait culturel bien intériorisé.
Seuls des statistiques précis pourraient nous indiquer la situation actuelle du mariage. Dans un rapport de mai 2007, Amnesty International considère que 95 % des mariages sont arrangés en Inde. Dans un article publié le 4 juillet 2008, la revue Asie avance que l'èvolution économique fait lentement reculer ce chiffre. Dans le même temps, la revue nous révèle que le divorce augmente. Ainsi, dans l'état riche du Kérala, il aurait progressé de 350 % en 10 ans !
Rédigé par : Charles (du Sari Dévoilé) | 09 mars 2009 à 00:08
Il y a clairement me-comprehension !
Les mariages arrangés à l'heure actuelle sont plus a rapprocher de rencontres organisées par les parents. L'homme comme la femme se rencontrent par l'intermédiaire des parents, et si tous les deux acceptent, après le temps qu'il leur faudra, alors seulement il y aura mariage.
Le mariage forcé existe toujours, malheureusement, dans les campagnes reculées et les milieux non eduqués.
Pour la classe moyenne indienne, no issue, si on est surpris et qu'on a du mal a accepter un tel schéma, ce n'est pas pour autant qu'il faut juger.
Enfin, c'est un long discours...
Un peu d'humour pour decompresser :
http://www.djoh.net/inde/?le-mariage-arrang-en-inde-vido-numro-2
Et j'invite l'auteur de ce site a s'enregistrer dans l'annuaire des sites de l'inde, a cette adresse : http://www.djoh.net/annuaire
Merci !
Rédigé par : Djoh | 08 mars 2009 à 09:02
Sébastien, alors nous sommes d'accord. Même si je fais une différence entre mariages forcés et mariages arrangés. Ton collègue, qui ne peut pas refuser le mariage arrangé par ses parents, appartient à ces jeunes hommes qui subissent le poids des traditions et des familles.
Comme tu le dis, heureusement que cela change petit à petit.
Rédigé par : Joseline | 07 mars 2009 à 20:18
Joseline,
Je ne suis pas d'accord avec toi. Si j'ai choisi de présenter les mariages forcés (ou arrangés, j'insiste pour dire que la différence est mince)du point de vue des hommes, c'est bien pour sortir de ce cliché qui montre toujours la femme comme victime de ces mariages. Il y a deux jours, j'ai encore pu parler avec mon collègue qui ne pourra pas choisir sa femme. Quasiment tous ses amis ont pu choisir. Il en discute tout le temps avec sa famille mais c'est hors de question. Il leur a expliqué à quel point cela était stupide, qu'aujourd'hui les hommes pouvaient rencontrer des femmes par eux-mêmes et qu'au final, les parents cherchaient leur propre bohneur et non celui de leur enfant. Mais rien à faire.
Non, les hommes ne peuvent pas plus refuser un mariage qu'une femme, pas de privilège. C'est bien simple, si mon collègue choisit sa femme, il coupera définitivement tout lien avec toute sa famille. Et c'est même pire que ça. Le déshonneur sera jeté sur la famille par cet affront. Il faudra donc laver l'affront. Et cela peut aller jusqu'à tuer l'heureuse élue.
Oui aujourd'hui la plupart des indiens (et indiennes) choisissent leur femme (mari). Parce que la mentalité des parents évoluent. Et que dans la plupart des cas, si l'enfant rentre à la maison et dit "maman, papa, c'est elle, c'est lui", les parents finissent par accepter.
Rédigé par : Sébastien, l'auteur | 07 mars 2009 à 05:35
Bonjour Sébastien
Mariages forcés ? Mariages arrangés ? La même chose ? Je ne crois pas.
IL est une chose à préciser tout d'abord. On parle d'un mariage forcé surtout pour les femmes. On leur impose des maris qu'elles n'ont pas choisis. Elles sont parfois achetées ou même enlevées. Et elles sont brutalisées lors de leur nuit de noces.
Les deux amis dont tu parles avait la possibilité de refuser la jeune femme présentée. C'est le privilège de l'homme. Mais là je crois qu'il y avait un accord entre les familles pour marier leurs enfants. Là c'est un mariage arrangé par les familles.
Tu parles de tristesse. Moi je parlerai plutôt de résignation. Car après tout vu que ces jeunes hommes travaillent, sont indépendants, qui les empêche de trouver leur épouses en dehors de la famille ? C'est le poids des traditions et la pression des familles qui les paralysent.
Bon il faut du courage et de la volonté pour aller à l'encontre des parents, pour prendre la décision de choisir son épouse. Beaucoup de jeunes Indiens en Inde et même ailleurs sont résignés ou n'osent pas le faire. Du coup ils envient ceux qui ont osé.
A bientôt. Joseline
Rédigé par : Joseline Beurier | 20 février 2009 à 12:28