SHARMILA - Episode 5
Sharmila semblait vivre un conflit intérieur qu’elle tentait de vaincre en s’isolant. Sa passion pour François la projetait dans un univers où elle semblait trouver peu à peu ses marques. Mais elle avait viscéralement peur de basculer vers cet occident accueillant mais parfois tellement opposé à son environnement d’origine.
Accroché à François, il lui semblait qu’elle arrivait à trouver un équilibre pour ne pas tomber dans ce vide angoissant que constituent la nouveauté et la différence. Mais avait-elle la force de surmonter seule cette appréhension ?
Elle voyait clairement ce que cette société moderne de l’occident apportait : indépendance d’esprit, liberté de se comporter comme elle le souhaitait, l’attrait de la modernité. Elle comprenait à présent toute la symbolique de ces vêtements occidentaux qui offrait à la jeune femme le moyen de courir, de s’émanciper.
Mais à quel prix ? Fallait-il renoncer au traditionnel et magnifique sari ? Fallait-il oublier les coutumes ancestrales, perpétuées par sa mère, aujourd’hui disparue ? Fallait-il ignorer sa famille, s’arracher à ses traditions, à l’Inde, ce pays tant aimé ? Et pour quoi ? Pour tomber dans l’uniformisation, la globalisation culturelle ?
Bien sûr, François ne la forcerait jamais à rompre avec ses racines mais dans le milieu très fermé de Sharmila, vivre avec un français supposait de couper le cordon avec son identité indienne. Elle connaissait pourtant des indiens "libéraux" qui avaient admis ces unions mixtes mais elle ne pouvait le concevoir dans sa propre famille.
Sharmila se retrouvait au confluent de deux cultures. Ce qui était pour elle source d’enrichissement personnel, se révélait être aujourd’hui à l’origine de son mal être.
Un soir qu’elle revenait de la librairie pour rentrer chez son frère, elle entendit des cris à travers la porte et la voix grave du Monsieur Sandhu. Lorsqu’elle pénétra dans l’appartement, elle aperçut sa belle-sœur en pleurs sur le fauteuil du petit salon. Les éclats de voix provenaient de la cuisine. Sharmila s’y précipita et trouva son frère aux prises avec un interlocuteur, hors de lui.
- Anil, que se passe-t-il ?
- Ne fais pas l’ignorante Sharmila, tu sais très bien que ton frère nous doit encore 7 000 euros… grogna Monsieur Sandhu.
Sharmila observa son frère, anéanti.
- Nous n’avons pas cette somme, Monsieur Sandhu. Ma belle-sœur est enceinte, mon frère débute et moi-même, je commence à travailler dans la librairie des Patel. Que peut-on faire ? Pouvez-vous encore attendre ? implora-t-elle.
- J’ai attendu bien trop longtemps déjà. Je ne vois qu’une issue.
- Laquelle ? crièrent Anil et Sharmila, bondissant hors de leur siège.
- Il y a un homme qui pourrait éponger vos dettes. Seulement il exige une condition. Epouser une jeune femme. Qu’en penses-tu Sharmila ?
- C’est impossible ! Impossible ! s’écria la jeune indienne. De toute façon nous n’avons pas de quoi lui apporter une dot et il y a tant de filles là-bas.
- Il ne veut rien. Il est veuf. Il souhaite épouser une femme occidentalisée mais pas trop. Peu importe sa virginité. Tu corresponds tout à fait à ce qu’il veut. Il a des moyens et il est prêt à me dédommager contre cet arrangement.
(6 mois plus tard...)
François n’avait plus eu de nouvelles de Sharmila depuis plusieurs mois. Elle ne répondait plus aux appels, ne revenait plus à la librairie. Les Patel lui devait encore un salaire qu’ils avaient remis à Anil. Le jeune homme avait déménagé en province avec sa famille, qui s’était agrandie d’une petite Lalitha.
François désespéré, reçut une lettre de Pondichéry un matin de janvier. Il n’avait pu oublier Sharmila et c’est avec fébrilité qu’il ouvrit le courrier.
(A suivre…)
> Ananda
Vendredi 29 mai à 20h30
Auditorium Guimet, 6 place d'Iéna, Paris 16
Arvind et Purvi Parikh
sitar et chant khayal (Inde du nord)
accompagnés par Anutosh Degharya (tabla)
Arvind Parikh est l’un des principaux disciples du grand maître du sitar et du surbahar Ustad Vilayat Khan, qui enseigna également à sa fille Purvi.
Aujourd’hui maître reconnu par l’ensemble de ses contemporains, virtuose et sensible, son art est fait de tant de musicalité et de générosité qu’il le rend accessible aux plus profanes.
Ses interprétations distillent le calme et la sérénité de sa spiritualité.
Fort de ce tempérament et de cette réputation, s’est produit aux quatre coins du monde, mulitpliant concerts et festivals et a également été vice président du conseil international de la musique à l’UNESCO entre 1994 et 1997.
Depuis, il a été nommé par ses pairs, président de la société musicologique indienne (I. M. S.).
Jeune chanteuse de khayal issue de la Khirana Gharana, Purvi Parikh a appris de ses deux parents musiciens l’art du chant et du sitar. D’abord disciple, comme sa mère de Faiyyaz Ahmed et de Niaz Ahmed Khan, c’est auprès du gourou de son père Vilayat Khan que ses dons naturels s’aguerrissent et s’affirment. Son style brillant, alliance généreuse de tradition et de modernité, a fasciné rapidement le public de nombreux pays.
Au cours de ce concert, les deux artistes se produiront en solo, puis en duo, accompagnés au tabla par le virtuose Anutosh Degharya.
renseignements, réservations : 01 40 73 88 18
prix des places : 16 et 10 €
Auditorium Guimet
Direction artistique : Hubert Laot
Musée national des arts asiatiques
6, place d'Iéna
75116 Paris
01 40 73 88 18
[email protected]
Rédigé par : Auditorium Guimet | 25 mai 2009 à 11:57