Depuis 5 mois que je suis ici, une chose a fini par émerger. Il n’y a pas une Inde mais des Indes. Quand on est ici, difficile de trouver des points communs à tous les Indiens. Au final, les seuls points que j’ai pu noter unissant tous les habitants de ce pays sont le Bollywood et le cricket.
Quelques soient les Indiens avec qui vous discutiez, vous verrez toujours en eux s’éveiller un intérêt lorsque vous aborderez ces deux sujets.
Le cricket est le sport national en Inde et vous ne trouverez pas un seul coin du pays sans terrain de cricket et sans joueurs s’adonnant à leur sport favori. Le cricket est LE sport Indien, et son importance est bien au-delà de celle qu’à le football en France. En dehors de ce sport, les autres ne sont que très marginaux, même si l’importance du football croît de plus en plus. Le tournoi de cricket international, qui a débuté il y a quelques semaines, suscite un véritable engouement.
Le Bollywood est le deuxième point d’accord entre tous les Indiens. Les films, ainsi que la musique et les danses qui en sortent, sont très largement regardés. Les films montrent une Inde qui n’existe pas. Une Inde dans laquelle les rapports hommes / femmes sont plus libres, où les gens ont le droit de tomber amoureux… Les clips musicaux, surtout, sont très intéressants. Les danses sont mixtes, hommes et femmes dansent ensemble et surtout, les femmes sont habillées et dansent de manière extrêmement sexy (souvent bien plus que les clips américains ou européens). On y voit le corps des femmes, peu vêtues ou alors vêtues de manière à montrer ces formes que le sari s’efforce (mais sans vraiment y arriver) de cacher. Et si ces clips sont aussi populaires, c’est parce qu’ils, comme me l’ont dit mes amis ou collègues indiens, montrent des choses normalement impossibles à montrer : le corps de la femme et des allusions aux rapports sexuels.
En dehors de cela, difficile de pouvoir définir en Inde sans avoir de multiples contre exemples. Il existe notamment une énorme différence entre le Nord et le Sud de l’Inde.
Très schématiquement, on pourrait dire que le Nord de l’Inde est globalement plus violent (avec Delhi en tête, ville la plus dangereuse d’Inde), avec une nourriture moins épicée, avec plus de "pains" (nans, rôtis, chappattis…). Le Sud est donc plus paisible, pacifique, moins agressif, avec une nourriture beaucoup plus épicée et centrée quasi exclusivement autour du riz. On y est aussi souvent plus traditionnels (bien que dans le Nord, le poids des castes semble être plus important et respecté).
Ensuite, les villes et les villages sont également deux mondes séparés. Les grandes villes Delhi, Mumbai… et surtout Bangalore, sont plus ouvertes aux influences étrangères et on peut se comporter plus librement, tandis que dans les campagnes, surtout au Nord apparemment, un strict respect des traditions s’impose.
On ne parle pas une langue mais des langues, beaucoup de langues ! L’Hindi et l’anglais sont les deux langues les plus parlées. L’Hindi est la langue nationale mais vous trouverez beaucoup d’Indiens ne la parlant pas, au profit de l’anglais. A Bangalore, tout se fait en Anglais, quasiment rien en Hindi. A côté, de ces deux langues, une quarantaine de langues régionales existent et plus de 600 langues ou dialectes locaux. En résumé, beaucoup d’Indiens communiquent plus facilement avec les étrangers, au travers de l’anglais, qu’avec leurs propres compatriotes.
Il n’y a pas une mais plusieurs religions en Inde. L’Hindouisme rassemble 80% de la population mais l’islam et le christianisme notamment constituent une part non négligeable de la population. Et ce ne sont pas des religions "importées" récemment de l’étranger comme c’est le cas en France mais des religions présentes depuis plusieurs centaines d’années, et donc totalement intégrées dans le pays.
Végétariens ou pas ? Pour les non-hindous, c’est clairement non végétarien mais pour les Hindous eux-mêmes, nombreux sont ceux qui sont également non veg.
On pourrait multiplier à l’infini ces exemples. En France aussi bien sûr, on pourrait lister les différences. Mais ici, on ne sent pas vraiment de racine commune qui lierait absolument tous les Indiens. Tout ce petit monde cohabite donc, et plutôt bien d’ailleurs (malgré les incidents qui arrivent de temps en temps entre les communautés).
> Sébastien C.
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