Cette année encore, le succès fut acquis. Les couleurs, les chants, les danses, les artistes nous entraînent, c’est vrai, dans un étourdissement bien agréable. Mais le plus intéressant est ailleurs. Bharati, c’est l’image que l’Inde se fait d’elle-même pour les occidentaux. C’est l’imaginaire de l’Inde pris dans ses visions convenues : beauté, mystère, tradition, sagesse, etc… Mais ce qui nous importe, au Sari Dévoilé, c’est la perception de la femme. L’héroine est étonnamment discrète et passive. Certes, on la voit constamment, ou presque, mais elle est peu active. Elle est surtout l’objet de la fureur des hommes : l’ire du père, la passion de l’amant, la jalousie de l’éconduit et nulle trace de la mère…
Bien entendu, tout cela n’est qu’un divertissement, mais Bharati donne tout de même une idée des tensions - voire des contradictions - qui traversent l’Inde d’aujourd’hui : entre moquerie de l’Occident et dénonciation des traditions, entre évocations des dieux et persiflages des coutumes… l’Inde se cherche.
A sa façon, Bharati nous révèle ce conflit propre aux nations qui émergent, entre traditions et modernités. Quand on sait la force des coutumes en Inde et la vitalité de son développement, on devine que rien ne sera facile.
> Charles Belconde
Bonjour Charles
Les clichés ne déforment pas la réalité, mais en donnent une vision momentanée. Et l'histoire universelle des amours difficiles ont toujours nourri l'imagination. Bharati c'est ça. Une partie de la réalité et en même temps une nourriture pour le rêve.
La vérité n'a pas rôle à nous convenir. Elle est telle qu'elle est, c'est tout. On ne peut que discuter, commenter, polémiquer.
Rédigé par : Joseline Beurier | 03 mars 2009 à 21:39
Bonjour,
Joseline, tes remarques sont pertinentes. Cependant j'aimerai saisir : ton commentaire commence par "ce spectacle ne montre rien de l'Inde que des clichés bien connus des Occidentaux" pour reconnaître finalement que c'est "donc (une) histoire universelle". Qu'est alors Bharati ? une suite de clichés, par conséquent déformant les réalités ou une une histoire universelle, donc fondée sur des faits avérés ? Cette contradiction indique bien les confusions qui nous habitent, moi le premier. Nous ne devons pas nous le cacher, mais cela appelle aussi (surtout ?) à traquer, sans fuite et sans angélisme, la vérité. Même si elle ne nous convient pas toujours.
Rédigé par : Charles | 01 mars 2009 à 19:54
Bharathi au miroir de l'Inde.
Non pour moi ce spectacle ne montre rien de l'Inde que des clichés bien connus des Occidentaux. Cela leur permet de situer cette nation dans leur imaginaire. Ce n'est juste qu'un divertissement original, exotique, agréable parce que coloré, musicalement différent, distribué par une histoire de Roméo et Juliette à l'indienne.
Ce que j'y ai vu c'est d'abord la confrontation de deux cultures, celle occidentalisée du jeune homme, et celle traditionnelle de la jeune femme. Point de moquerie, ou de dénonciation, juste une reconnaissance de l'existence de deux mondes différents.
Les femmes étaient nombreuses sur scène, c'est vrai. L'héroïne était partagée entre la tradition représentée par son père et le modernisme représentée par le jeune homme. L'absence de la mère pourrait signifier qu'elle n'a aucune action sur l'avenir de sa fille. Il était déjà tracé par le père et le promis, par des hommes. Mais c'est la jeune femme qui décide de suivre son amour, faisant fi des traditions, de son père, délaissant son promis. Un exemple pour les femmes !
Aussi étrange que ce soit, cette histoire touche aussi beaucoup les jeunes femmes d'origine maghrébine. Donc histoire universelle.
Oui ce ne sera pas facile ! Mais l'Inde trouvera en elle, en ses femmes, toute l'énergie pour sortir du carcan traditionnel.
Joseline
Rédigé par : Joseline Beurier | 01 mars 2009 à 10:28