Nous sommes à Goa entre Noël et le jour de l'an, LA période de grande affluence pour cette région de plages paradisiaques réputée pour ses raves parties dans le monde entier. Ce n'est plus uniquement le rendez-vous des hippies et des ravers mais également un lieu très prisé de la jeunesse dorée indienne. On s'y retrouve donc en masse pour y faire la fête et célébrer la nouvelle année. A cette occasion se tient un immense festival de musique transe sur 3 jours (plus grand festival musical d'Asie selon les organisateurs). Deux immenses scènes sont installées sur une plage privée et la musique déferle de midi à 22h. C'est l'occasion de voir une autre facette de la femme indienne. Une femme, typiquement entre 25 et 30 ans, de condition sociale plutôt élevée, danser en bikini, mini-jupe, dos-nue, décoletté très prononcé... au milieu de la foule, hommes et femmes mélangés. Ces femmes, venues avec leurs ami(e)s, leur petit ami, loin de leur famille, peuvent s'exprimer sans regard accusateur. Elles peuvent embrasser leur petit ami au milieu de la foule (très osé en Inde !), boire et discuter avec des femmes comme des hommes. Ce sont ces mêmes personnes que l'on retrouve dans les soirées un peu branchées de Bengaluru, qui profitent souvent de l'éloignement de leur famille pour s'exprimer comme elles le souhaitent.
> Sébastien C.
Je voudrais réagir au message de Ronald le "monsieur d'un certain âge".
Je ne cherche pas à excuser ou justifier le libertinage de la jeunesse indienne. Je dis simplement que les jeunes amalgament les cultures indienne et occidentale. Ils s'adaptent aux nouvelles conditions de vie, fournies par une économie galopante. Je parle aussi de ce que je connais et ressens ici en France. Je sais qu'en Inde, les jeunes filles indiennes ne se différencient pas ou peu des jeunes occidentales par leurs vêtements ou par leurs loisirs. Cela s'appelle la mondialisation. Elle n'est pas seulement économique mais elle est aussi culturelle. Nous sommes d'accord. Je trouve même que les filles en Inde s'émancipent beaucoup plus que celles qui vivent en France.
Qu'on le veuille ou non, le chef d'entreprise qui prie Ganesh avant de commencer son travail existe toujours, même dans les très grandes entreprises. L'Inde sera toujours connue pour ses innombrables dieux à bras multiples, pour ses philosophies et pour ses yogis, comme pour sa misère et les bidonvilles de Mumbaï et de Kolkotta. Cela fait un pays. Comme La France est connue pour sa tout Eiffel, pour son steak frites, et pour ses jolies femmes ! Et alors ?
Quand on ne recherche pas sa culture ou ses origines c'est renier un peu de soi. Il arrivera un moment où les cultures se mêleront pour devenir une culture originale. On y travaille.
Je sais je suis paradoxale.
Rédigé par : Joseline Beurier | 20 février 2009 à 12:54
Bonjour,
Ne dit-on pas que "l'habit ne fait pas le moine" ?
Je suis née en France, j'ai fait mes études ici, je m'habille en robe ou en jean, mais j'ai un prénom indien, je mange des plats indiens (de temps en temps), je parle l'hindi avec ma famille, nous pratiquons la religion hindoue... Je pense que les indiens en Inde (les jeunes de ma famille) ne se posent pas la question de la modernité, comme nous en France. Ils vivent dans leur temps c'est tout.
Je suis française et indienne, ce n'est pas parce que je suis en jean que je ne suis plus indienne et ce n'est pas parce que je porte un sari que je ne suis plus française... En fait, je ne me pose même pas la question, et pourquoi faudrait-il se la poser ?
A bientôt Sébastien et merci à votre belle association et à votre beau projet !
Malini
Rédigé par : Malini | 08 février 2009 à 18:26
Bonjour à vous deux,
Pour réagir à ces deux commentaires, je ferai une réponse peu engagée : ça n'est pas si simple que ça. Ces filles en bikini et mini-jupe ne sont pas du genre à porter le sari le reste du temps. La tradition indienne est présente dans chaque recoin de la société mais il est tout de même possible de jouir de sa liberté, surtout dans une ville comme Bangalore. Il existe un certain pourcentage, que j'estimerai grossièrement à 10/20 %, de femmes qui ne portent pas le sari quotidiennement. Les Indiennes du Nord-Est de l'Inde par exemple, ressemblant à des chinoises, ne portent jamais le sari et s'habillent très souvent de manière plutôt sexy. Elles attirent évidemment les regards très soutenus des hommes dans la rue mais elles peuvent toutefois se vêtir comme elles le souhaitent.
Une femme qui porte le sari dans une ville comme Bangalore le fait par choix et non par contrainte dans la plupart des cas (je ne parle pas de la campagne ou de villes plus traditionnelles comme Chennai). La plupart des femmes portent donc le sari comme la plupart des hommes en France portent un jean. C'est le vêtement courant que l'on porte de manière naturelle.
Rédigé par : Sébastien C. | 31 janvier 2009 à 11:46
Il n'est pas évident que ces jeunes, décrits par Sébastien, redeviennent des indiens "typiques" dans la vie de tous les jours. Et même si c'était le cas, ces jeunes sont comme tous les jeunes qui vivent dans une société en mutation. Avec leur conditions qui s'améliorent, ils ont peut-être des envies d'évasion envers une société codifiée, rigide, surtout envers les femmes.
Les femmes en chudirar colorés... hummm quelle belle image, peut-être, mais pourquoi une jeune femme indienne n'aurait-elle pas envie de se balader en minijupe, ou d'aller travailler dans des tenues plus seyantes, et pourquoi pas carrément vétues comme une européenne ? Ou peut-être non ? J'ai une vague impression que les "indiens de France", enfin pas tous je suppose, ont envie d'imaginer la jeune indienne vêtues en chudirar dans le quotidien et obligatoirement joyeuse de chantonner des chansons de Bollywood.
Je pense qu'il faut commencer sérieusement arrêter de fantasmer sur ces images épinales de l'Inde : les jeunes indiens vivant dans le dualité idéale d'une vie à l'occidentale et résolument indienne.
Je ne veux pas critiquer à outrance, mais je sens chez Joseline, comme une envie de défendre à tout prix une certaine valeur "indienne". D'essayer d'excuser, voire justifier à demi-mots, le libertinage de la jeunesse indienne. il faut bien se garder de croire que les jeunes indiens soient plus sages que les autres jeunes des autres pays, nantis de surcroît et d'origine émergeante. Si cette jeune indienne peut danser en bikini, ou en mini jupe et dos nue, ce n'est pas le fait d'une (r)évolution dans les mentalités, mais bien par l'arrivée d'une manne financière, qui commence à desserrer la rigidité de la société indienne. Et comme d'habitude, le relâchement des moeurs trouvent son origine dans les couches sociales les plus élevées pour commencer à se répandre insidieusement vers le bas.
Mais ce n'est pas un constat nécessairement négatif. Les choses n'évoluent jamais de manière linéaire, surtout quand c'est l'argent qui est à l'origine de cet émancipation. Il est évident que la société indienne ne s'est pas prise d'une envie soudaine de bousculer ses traditions. Elle subit tout simplement, et malgré elle, les contrecoups de sa révolution économique.
Mais je suis sûr aussi que cette évolution sera influencée par la singularité indienne. Avec ses bons et mauvais côtés.
Je suis pas un indien de France, je suis un français avec une origine indienne, comme d'autre bretonne ou maghrébine, ou je ne sais d'où. Je ne suis pas à la recherche des mes origines, ni de ma culture. Je l'ai en moi. J'avoue que j'en ai un peu marre qu'on parle de l'Inde qu'à travers ses dieux, sa spiritualité, ses sages. L'Inde n'est pas non plus Bollywood. Mais franchement à choisir, j'ai l'impression que les films indiens livrent une vision plus proches de la réalité que d'imaginer le chef d'entreprise indien qui prie son dieu afin d'éveiller en lui ses aspirations capitalistes qui mèneront son pays au firmament de l'économie mondiale.
Non, je ne veux pas de tout cela, j'ai envie d'une nouvelle société d'origine métisse en France. Je suis français et je le resterais jusqu'à la fin de ma vie, et mes descendants aussi je suppose. J'ai envie de vivre dans une société métisse. Une société dont la richesse culturelle trouvent ses origines dans toutes les origines. Pas seulement indienne. J'ai envie que la culture indienne viennent se mêler intimement à ce melting pot social, pour aboutir à une nouvelle pensée.
En prenant connaissance de la philosophie de votre association - l'association Le Sari dévoilé - j'ai cru comprendre que c'est de cela que vous voulez parlez. Que vous évoquez aussi ces valeurs "néo-culturelles". Si c'est le cas, je suis de tout coeur avec vous.
Et vous Sébastien, merci de nous faire vivre ces tranches de vie.
S'il vous plaît, continuez de la manière la plus simple et la plus objective. Livrez-nous sans parti pris ce que vous voyez ou ressentez. Faites nous parvenir des clichés pétillants de la société indienne en 2009.
Peu importe qui je suis, sachez simplement que je suis un monsieur d'un certain âge.
Rédigé par : Ronald | 29 janvier 2009 à 04:16
Cher Sébastien
Tu as eu là une vision très moderne de l'Inde et de sa jeunesse "dorée". Les comportements et les vêtements observés lors de cette fête sont typiquement occidentaux. Mais je suis sure que ces jeunes revenus à leur vie de tous les jours se comporteront comme de jeunes Indiens typiques. Hommes en jeans et chemisette avec cravate, et femmes en churidar colorés, chantonnant les chansons du dernier film Bollywood connu. Peut-être est-ce là une façon d'avoir deux vies bien différentes.
C'est un peu ce qui se passe pour nous Français de l'Inde vivant en France. Dans la vie de tous les jours nous ne sommes pas différents des Français que nous cotoyons. Et puis il y a cette association que nous développons et qui nous fait redevenir en partie Indien. Avec les livres, les reportages, les films, les chansons, les vêtements, la langue parlée.
Continue de nous envoyer tes chroniques. Elles sont très intéressantes. A bientôt. Joseline
Rédigé par : Joseline Beurier | 28 janvier 2009 à 10:31